le bien que vous avez fait au petit orphelin d’Auvergne.
Une heure après, les deux enfants, leur paquet sur l’épaule, suivaient la grande route de Valence à Marseille, qui longe le cours du Rhône.
Le petit Julien était sérieux ; par moments, il poussait un gros soupir ; ses yeux baissés étaient humides comme ceux d’un enfant qui a grande envie de pleurer. Ce nouveau départ lui rappelait les départs précédents. Il songeait à Phalsbourg, à la bonne mère Étienne, à Mme Gertrude, et aussi au pauvre Jean-Joseph qui, en le quittant, lui avait dit : — Que j’ai de peine, Julien, de penser qu’ici-bas nous ne nous verrons peut-être jamais plus !
Et en remuant tous ces souvenirs dans sa petite tête, l’enfant se sentit si désolé que le voyage lui parut devenu la chose la plus pénible du monde. Lui, si gai d’ordinaire, ne regardait même pas la grande route, tant elle lui paraissait longue, et triste, et solitaire. Le cadeau de M. Gertal, qui l’avait tant ravi au premier moment, ne l’occupait guère : il portait son parapluie neuf d’un air fatigué sur l’épaule. Il ne put s’empêcher de dire à André :
— Mon Dieu ! que c’est donc triste de quitter sans cesse comme cela les gens qui vous aiment et de n’avoir plus de famille à soi, d’amis avec qui l’on vive toujours, ni de maison,