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Dans un coin voisin du foyer, un petit garçon de l’âge de Julien, assis par terre, tressait des paniers d’osier.

Julien s’approcha de lui, portant sous son bras le précieux livre d’histoires et d’images que lui avait donné la dame de Mâcon ; puis il s’assit à côté de l’enfant.

Le jeune vannier se rangea pour faire place à Julien, et sans rien dire le regarda avec de grands yeux timides et étonnés ; puis il reprit son travail en silence.

LE VANNIER. — C’est l’ouvrier qui fabrique des vans, des corbeilles et des paniers, avec des brins d’osier, de saule et autres tiges flexibles qu’il entrelace adroitement. Les vanniers ne doivent pas tenir serrées entre leurs lèvres les baguettes d’osier dont ils veulent se servir ni les mâcher entre leurs dents : cette mauvaise habitude entraîne des maladies de la bouche.


Ce silence ne faisait pas l’affaire de notre ami Julien, qui s’empressa de le rompre.

— Comment vous appelez-vous ? dit-il avec un sourire expansif. Moi, j’ai bientôt huit ans, et je m’appelle Julien Volden.

— Je m’appelle Jean-Joseph, dit timidement le petit vannier, et j’ai huit ans aussi.

— Moi, j’ai été à l’école à Phalsbourg et à Épinal, dit Julien, et j’ai là un livre où il y a de belles images ; voulez-vous les voir, Jean-Joseph ?

Jean-Joseph ne leva pas les yeux.

— Non, dit-il, avec un soupir de regret ; je n’ai pas le temps : ce n’est pas dimanche aujourd’hui et j’ai à travailler.

— Si je vous aidais ? dit aussitôt le petit Julien, avec son obligeance habituelle ; cela n’a pas l’air trop difficile, et vous auriez plus vite fini votre tâche.

— Je n’ai pas de tâche, dit Jean-Joseph. Je travaille tant que la journée dure, et j’en fais le plus possible pour contenter mes maîtres.

— Vos maîtres ! dit Julien surpris ; les fermiers d’ici ne sont donc pas vos parents ?

— Non, dit tristement le petit garçon ; je ne suis ici que depuis deux jours : j’arrive de l’hospice, je n’ai pas de parents.

Le gentil visage de Julien s’assombrit :