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dirigent les ouvriers dans ces usines ont dû faire de longues et pénibles études, pour savoir se reconnaître au milieu de toutes ces inventions et de ces machines si compliquées. Que serait la force de l’homme sans la science ?



L. — Les forges du Creusot. — Les grands marteaux-pilons à vapeur. — Une surprise faite à Julien. Les mines du Creusot ; la ville souterraine.


Quelle sympathie nous devons à tant d’ouvriers courageux qui se livrent aux plus durs et aux plus pénibles travaux !


Quand on eut bien admiré la fonderie, on passa dans les grandes forges.

Là, Julien et André furent de nouveau bien étonnés.

La plupart des ouvriers qui allaient et venaient avaient la figure garnie d’un masque en treillis métallique ; de grandes bottes leur montaient jusqu’au genou ; leur poitrine et leurs bras étaient garnis d’une sorte de cuirasse de tôle ; ils étaient armés comme pour un combat ; et en effet, c’est une véritable lutte que ces robustes et courageux ouvriers ont à soutenir contre le feu qui jaillit de toutes parts, contre les éclaboussures et les étincelles du fer rouge.

LE MARTEAU-PILON A VAPEUR. — On emploie maintenant, pour la construction des ponts en fer ou des grandes machines, des pièces de métal tellement grosses, qu’aucun marteau mû par une main d’homme ne pourrait les façonner. Pour les forger, on a inventé l’énorme marteau-pilon que la vapeur met en mouvement et qui peut frapper depuis deux cents jusqu’à cinq cents coups par minute.


Saisissant de longues tenailles, ils retiraient des fours les masses de fer rouge ; puis, les plaçant dans des chariots qu’ils poussaient devant eux, ils les amenaient en face d’énormes enclumes pour être frappées par le marteau.

Mais ce marteau ne ressemblait en rien aux marteaux ordinaires que manient les serruriers ou les forgerons des villages ; c’était un lourd bloc de fer qui, soulevé par la vapeur entre deux colonnes,