Bonaparte ne se contentait pas de vaincre, il voulait
que la France recueillît le fruit de ses victoires. Il avait
l’œil sur les partis qui, à l’intérieur et au dehors, prétendaient faire prévaloir par l’intrigue l’intérêt de leur
cause particulière sur la cause commune. Ni les demeurants du terrorisme, ni les royalistes ne se résignaient à
la défaite. Les fautes du Directoire entretenaient leurs
espérances. Les complots se croisaient dans l’ombre, et
la République, au milieu de ses triomphes, semblait
toujours à la veille de périr. C’est qu’on ne l’avait pas
choisie, c’est qu’elle était sortie violemment des passions de quelques hommes et de la nécessité du moment, mais sa durée se liait alors à l’indépendance du
pays et aux espérances de liberté. Il y avait de l’honneur à la défendre. Bonaparte lui promettait l’appui de
son armée ; il se faisait tribun pour échauffer le zèle
républicain de ses compagnons d’armes, et pour rassurer de loin les dépositaires de l’autorité publique. A
la nouvelle des dangers que couraient le Directoire et la
Constitution, menacés par l’opposition même des Conseils, il mettait résolument son épée dans la balance.
« Soldats, disait-il, je sais que vous êtes profondément
affectés des malheurs qui menacent la patrie ; mais la patrie ne peut courir de dangers réels. Les mêmes hommes
qui l’ont fait triompher de l’Europe coalisée sont là. Des
montagnes nous séparent de la France, vous les franchiriez avec la rapidité de l’aigle, s’il le fallait, pour
maintenir la Constitution, défendre la liberté, protéger
le gouvernement et les républicains. — » Il ajoutait : « Soldats, le gouvernement veille sur le dépôt des lois qui
lui est confié. Les royalistes, dès l’instant qu’ils se montreront auront vécu. Soyez sans inquiétude et jurons,
par les mânes des héros qui sont morts à côté de nous
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HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE.