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LE DÉFRICHEUR

plait dans ces fatigues corporelles. Il est fier de lui-même. Il sent qu’il obéit à la voix de Celui qui a décrété que l’homme « gagnera son pain à la sueur de son front. » Une voix intérieure lui dit aussi qu’il remplit un devoir sacré envers son pays, envers sa famille, envers lui-même ; que lui faut-il de plus pour ranimer son énergie ? C’est en se faisant ces réflexions judicieuses qu’il sent ses paupières se fermer. Un sommeil calme, profond, est la récompense de son travail pénible. S’il rêve, il n’aura que des songes paisibles, riants, car l’espérance aux ailes d’or planera sur sa couche. De ses champs encore nus, il verra surgir les jeunes tiges de la semence qui en couvriront d’abord la surface comme d’un léger duvet, puis insensiblement s’élèveront à la hauteur des souches ; son imagination le fera jouir par anticipation des trésors de sa récolte. Puis, au milieu de tout cela, et comme pour couronner ces rêves, apparaîtra la douce et charmante figure de sa Louise bien-aimée, lui promettant des années de bonheur en échange de ses durs travaux.

Quelques lettres écrites vers cette époque par Jean Rivard à sa gentille amie nous le montrent conservant encore, en dépit de ses rudes labeurs, ses premières dispositions de cœur et d’esprit. En voici des extraits pris au hasard :


« Ma chère Louise.

...............« C’est aujourd’hui dimanche, mais j’espère que le bon Dieu me pardonnera si je prends quelques moments pour t’écrire ; je suis si occupé toute la semaine !… Si tu savais comme je travaille ! Si tu me voyais, certains jours après ma