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JEAN RIVARD

Ce cœur on devine sans peine à qui Jean Rivard le destinait. Il fut expédié de suite à Lacasseville, et la première voiture qui partit de ce village pour Grandpré l’emporta, accompagné d’une petite lettre délicatement tournée.

Il ne faut pas non plus omettre de dire ici pour l’édification de nos lecteurs que nos trois défricheurs trouvèrent moyen, vers la fin de la semaine sainte, de se rendre à Lacasseville, pour y accomplir le précepte adressé à tous les membres de cette belle et vaste association — l’église catholique romaine — de communier au moins une fois l’an. Les cérémonies si touchantes de cette grande semaine produisirent sur eux une impression d’autant plus vive qu’ils avaient été plus longtemps privés du bonheur si doux aux âmes religieuses d’assister aux offices divins.

« Parlez-moi de ça, s’écria Pierre Gagnon, en sortant de l’église, ça fait du bien des dimanches comme ça. Tonnerre d’un nom ! ça me faisait penser à Grandpré. Sais-tu une chose, Lachance ? C’est que ça me faisait si drôlement en dedans que j’ai quasiment braillé !…

— Et moi étou, dit Lachance, à qui pourtant il arrivait rarement de parler de ses impressions.

— Laissez faire, leur dit Jean Rivard, si je réussis dans mes projets, j’espère qu’au printemps prochain nous n’aurons pas besoin de venir à Lacasseville pour faire nos Pâques. Nous aurons une chapelle plus près de nous.

— Oh ! je connais ça, murmura tout bas Pierre Gagnon en clignant de l’œil à Lachance, ça sera la chapelle de Ste. Louise !…