Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, le défricheur, 1874.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
LE DÉFRICHEUR

particulier de cette fameuse rencontre d’ours où Jean Rivard avait failli perdre la vie. On peut s’imaginer les exclamations, les cris de surprise et de frayeur qui partirent de la bouche des femmes en entendant Jean Rivard lui-même raconter toutes les circonstances de cette aventure.

On ne se sépara qu’à regret et en se promettant de se revoir le lendemain.

Ce lendemain fut employé par Jean Rivard à régler différentes affaires et à visiter ses parents et connaissances de Grandpré, sans oublier le bon curé M. Leblanc dont il gardait pieusement le souvenir dans son cœur.

Le soir de l’épluchette, Jean Rivard dut se rendre, accompagné de sa sœur et de ses jeunes frères, à la maison du père Routier. Cette fête ne l’intéressait cependant pas autant qu’on pourrait le croire. Il éprouvait bien naturellement le désir d’aller chez le père de sa Louise, mais il eût préféré s’y trouver en moins nombreuse compagnie et dans un autre but que celui d’y effeuiller du blé d’inde. Il avait d’ailleurs de fâcheux pressentiments qui ne se vérifièrent malheureusement que trop.

Parmi les nombreux invités se trouvait un jeune homme d’une tenue irréprochable, portant surtout, pantalons et gilet noirs sans parler d’une belle moustache cirée et d’une chevelure peignée avec le plus grand soin, ce qui le rendait naturellement le point de mire de toutes les jeunes filles. C’était un jeune marchand du nom de Duval, établi depuis peu à Grandpré, après avoir fait son apprentissage à Montréal, et qui, aimant passionnément la danse et les amusements de toutes sortes, trouvait le moyen de se faire inviter à toutes les fêtes.