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JEAN RIVARD

d’eau, des sarcelles, et autres oiseaux de diverses sortes.

C’est là que nos défricheurs allaient le plus souvent passer leurs heures de loisir. Ils n’en revenaient que tard le soir, lorsqu’ils étaient fatigués d’entendre le coassement des grenouilles et le beuglement du ouaouaron.[1]

Pendant que le canot glissait légèrement sur les ondes, l’un des rameurs entonnait une de ces chansons anciennes, mais toujours nouvelles qui vont si bien sur l’aviron :

En roulant, ma boule, roulant
...............
Nous irons sur l’eau nous y prom…promener
...............
La belle rose du rosier blanc.


ou quelque autre gai refrain de même espèce, et les deux autres répondaient en ramant en cadence.

Nos pêcheurs rapportaient souvent de quoi se nourrir le reste de la semaine. Pierre Gagnon, qui

  1. Il y a pour désigner un certain nombre de poissons, de reptiles, d’oiseaux et d’insectes particuliers au Canada, des mots qui ne se trouvent dans aucun des dictionnaires de la langue française, et qui sont encore destinés à notre futur dictionnaire canadien-français. Ainsi le Maskinongé, qui tire son nom d’un mot sauvage signifiant gros brochet, l’achigan, la barbue, la barbotte, les batteurs de faux, les siffleurs, les brenèches, les canards branchus, etc., sont désignés sous ces noms dans les anciens auteurs sur le Canada comme Boucher, La Hontan, Charlevoix, quoique ces mots ne se trouvent pas dans le dictionnaire de l’Académie.

    Le mot ouaouaron ou wawaron vient évidemment du mot sauvage Ouaraon, grosse grenouille verte. (Voir Sagard, Dictionnaire de la langue Huronne.) Ceux qui ont eu occasion d’entendre les mugissements de cet habitant des marais ne trouveront pas étrange que nos ancêtres Canadiens-Français se soient empressés d’adopter ce mot si éminemment imitatif.