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ÉCONOMISTE.

frent, mais aussi pour le coup-d’œil, pour l’effet, pour la beauté qu’ils donnent au paysage. C’est un goût malheureusement trop rare chez le cultivateur canadien, qui ne recherche en tout que l’utile, et qui souvent passera devant les plus beaux panoramas champêtres sans manifester la moindre émotion. Soit effet d’une nature plus artistique ou d’un esprit plus cultivé Jean Rivard faisait exception à la règle. Il mettait autant d’attention à bien tailler ses arbres, à disposer symétriquement ses plantations autour de sa demeure qu’il en accordait au soin de ses animaux et aux autres détails de son exploitation.

Parmi les travaux d’une utilité plus immédiate auxquels il se consacra durant ces quelques semaines, fut le creusement d’un puits qu’il construisit à mi-chemin entre sa grange et sa maison ; ce puits qui fournissait en abondance une eau claire et fraîche répondait aux besoins de la cuisine et servait en même temps à abreuver les animaux.

Il construisit aussi un four de moyenne grandeur qui devait remplacer le chaudron dans la cuisson du pain ; ce four bâti en brique, avec un mélange de glaise et de mortier, ne lui coûta guère plus de deux ou trois jours de travail.

Tout en travaillant au dehors, Jean Rivard rentrait souvent à sa maison ; mais ce n’était que pour un instant ; à peine le temps de dire un mot ou de donner un baiser. Louise d’ailleurs pouvait le plus souvent l’apercevoir de la fenêtre, et si son absence se prolongeait, elle-même allait le joindre et causer avec lui, tout en continuant son travail de couture.

Jean Rivard était d’une bonne humeur constante ; nul souci n’assombrissait sa figure. Sous ce rapport