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JEAN RIVARD

leur endroit natal. Elle pensait bien, il est vrai, à sa bonne mère, à son père, à ses frères et sœurs, mais ce n’était que pour mieux éprouver la puissance du commandement divin : la jeune fille quittera son père et sa mère pour suivre son époux. Elle se sentait comme fascinée, comme irrésistiblement attachée à cet homme au cœur chaud, aux sentiments chevaleresques, qu’elle avait choisi pour son protecteur et son maître, et qu’elle désirait de tout son cœur rendre heureux.

En entrant en ménage Louise s’empara du ministère de l’intérieur, exercé d’abord par notre ami Pierre Gagnon, puis par la mère Guilmette, et elle en remplit les devoirs avec une rare habileté. Elle était aidée dans ses fonctions domestiques par l’ancienne servante de sa mère, la fille Françoise, qui, pour des motifs qu’on connaîtra plus tard, avait non-seulement consenti mais même demandé avec instance à suivre Mademoiselle Louise dans le canton de Bristol.

Durant les premières semaines qui suivirent son mariage, Jean Rivard se donna plus de bon temps qu’à l’ordinaire. Sa principale occupation fut de nettoyer les alentours de sa demeure, de les enjoliver, de faire à l’intérieur diverses améliorations réclamées avec instance par la nouvelle ménagère. Il fit pareillement de chaque côté du chemin public et sur toute la largeur de sa propriété une plantation d’arbres de différentes sortes qui devaient plus tard orner, embellir et égayer sa résidence. On a déjà vu que Jean Rivard aimait beaucoup les arbres ; il était même à cet égard quelque peu artiste. Il ne les aimait pas seulement pour l’ombrage qu’ils of-