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JEAN RIVARD

Il fit planter des arbres de distance en distance le long des rues projetées, car il ne négligeait rien de ce qui pouvait contribuer à donner à son village une apparence de fraîcheur et de gaîté.

Il allait même jusqu’à stipuler dans ses concessions d’emplacements, que la maison serait de telle ou telle dimension, qu’elle serait située à telle distance du chemin, qu’elle serait peinte en blanc, et autres conditions qui peuvent sembler puériles mais qui n’en exercent pas moins une influence réelle sur le progrès des localités.

Comme on l’a déjà vu, Jean Rivard n’entreprenait rien d’important sans consulter son ami Doucet.

Louise prenait aussi le plus vif intérêt aux entreprises de son mari.

Pierre Gagnon n’était pas non plus tenu dans l’ignorance des plans de Jean Rivard.

Il va sans dire que celui-ci était l’admirateur enthousiaste de tout ce que faisait son ancien maître.

Je savais bien, lui disait-il avec sa gaîté accoutumée, que vous en feriez autant que le grand Napoléon. Maintenant que vous n’avez plus d’ennemis à combattre, vous allez donner un royaume à chacun de vos frères. Il y a une chose pourtant que vous n’imiterez pas, disait-il en riant, et en regardant madame Rivard, c’est que vous ne répudierez pas votre femme.

Ce n’est pas pour mépriser Napoléon, ajoutait-il, mais je crois que s’il avait fait comme vous au lieu de s’amuser à bouleverser tous les pays et à tuer le monde dru comme mouche, il n’aurait pas fait une fin aussi triste. Tonnerre d’un nom ! j’aurais aimé à lui voir faire de l’abattis ; je crois que la forêt en aurait fait du feu.