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ÉCONOMISTE.

était déjà connu à dix lieues à la ronde, et son crédit était illimité.

Le fabricant de perlasse, encouragé par les résultats de son industrie, voulut profiter de ses fréquents rapports avec les colons du canton de Bristol et des environs pour établir un trafic général. Il acheta le fonds de commerce du principal marchand du village, et, avec l’aide d’un de ses plus jeunes frères comme commis, il ouvrit un magasin qui fut bientôt considérablement achalandé. N’agissant que d’après les conseils de son frère aîné, et se contentant de profits raisonnables, il trouva dans cette industrie son avantage personnel, tout en faisant le bien de la communauté. La maison « Rivard, frères » étendit peu-à-peu ses opérations et devint par la suite la plus populaire du comté.

La construction de deux moulins fut aussi un grand événement pour les habitants de Rivardville, obligés jusqu’alors d’aller à une distance de trois lieues pour chercher quelques madriers ou faire moudre un sac de farine.

Après le son de la cloche paroissiale, aucune musique ne pouvait être plus agréable aux oreilles des pauvres colons que le bruit des scies et des moulanges ou celui de la cascade servant de pouvoir hydraulique.

Et cette musique se faisait entendre presque jour et nuit.

On remarquait dans la localité un mouvement une activité extraordinaires.

Tout le long du jour on voyait arriver aux moulins des voitures chargées, les unes de sacs de blé, les autres de pièces de bois destinées à être converties en planches ou en madriers.