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JEAN RIVARD

« Je t’ai déjà dit que notre ami Doucet venait nous dire la messe une fois par mois ; aussitôt notre église achevée, il a été nommé notre curé, et il réside permanemment au milieu de nous. Il est toujours comme autrefois, aimable et plein de zèle. Nous parlons souvent de toi et de notre beau temps de collége.

« Dans quelques années, si nous continuons à progresser tu pourras t’établir comme avocat à Rivardville, (c’est ainsi qu’on a surnommé la localité où ton ami Jean Rivard a fixé ses pénates) qui sera peut-être alors chef-lieu de district. »

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En effet Rivardville reçut vers cette époque une étrange impulsion due, suivant les uns, au progrès naturel et insensible des défrichements et de la colonisation, suivant les autres, à la construction de l’église dont nous avons parlé.

Ce qui est certain, c’est que tout sembla marcher à la fois. Deux des frères de Jean Rivard vinrent s’établir à côté de lui ; à l’un, Jean Rivard céda sa fabrique de potasse qu’il convertit en perlasserie et qu’il établit sur une grande échelle ; il retint un intérêt dans l’exploitation, plutôt pour avoir un prétexte d’en surveiller et contrôler les opérations que pour en retirer un bénéfice. Il entra pareillement en société avec l’autre de ses frères pour la construction d’un moulin à scie et d’un moulin à farine, deux établissements dont la nécessité se faisait depuis longtemps sentir à Rivardville.

Ces deux moulins n’étant destinés qu’à satisfaire aux besoins de la localité, purent être construits assez économiquement. Le nom de Jean Rivard d’ailleurs