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ÉCONOMISTE

ou peut-être parce qu’il a eu peur de se gâter, parce qu’on dit que parmi les membres il y en a qui ne sont pas trop comme il faut. Enfin, monsieur, puisque vous êtes avocat, je suppose que vous avez lu l’histoire de Napoléon, et que vous savez ce qu’il disait : si je n’étais pas Empereur, je voudrais être juge de paix dans un village. Ah ! notre bourgeois n’a pas manqué cela, lui ; il est juge de paix depuis longtemps, et il le sera tant qu’il vivra. Vous savez aussi que les hommes que Bonaparte aimait le mieux c’étaient les hommes carrés. Eh bien ! tonnerre d’un nom ! notre bourgeois est encore justement comme ça, c’est un homme carré ; il est aussi capable des bras que de la tête et il peut faire n’importe quoi — demandez-le à tout le monde…

— Je ne doute pas, répondis-je en riant, que votre bourgeois ne soit un homme carré ; ce qui est encore plus certain, c’est que les hommes comme lui et vous ne sont pas communs de nos jours, et je remercierai longtemps le ciel de m’avoir procuré l’occasion de vous connaître. Ne soyez pas surpris si je me permets d’écrire un jour votre histoire, au risque de faire des incrédules.

En me disant « au revoir, » Jean Rivard me pria de prendre quelques renseignements sur son ami Gustave Charmenil, dont il n’avait pas eu de nouvelles depuis longtemps.

Je serrai une dernière fois la main de mes amis et repris tout rêveur le chemin de la ville.


FIN.