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ÉCONOMISTE

— Est-ce que vos frères sont tous établis dans ce village ?

— Non, je n’en ai encore que deux ; l’un auquel j’ai cédé ma potasserie, qu’il a convertie en perlasserie et qu’il exploite avec beaucoup d’intelligence ; l’autre qui s’est établi comme marchand et qui, grâce à son activité, et à une grande réputation de probité, se tire passablement d’affaire. Tous deux sont mariés et sont d’excellents citoyens. Sur les sept autres, l’un est sur le point d’être admis au notariat, un autre exerce à Grandpré la profession de médecin, deux ont pris la soutane et font leurs études de théologie, et les trois autres sont au collège et n’ont pas encore pris de parti. À part les deux ecclésiastiques qui paraissent avoir une vocation bien prononcée pour le sacerdoce, j’aurais voulu voir tous mes autres frères agriculteurs ; mais ils en ont jugé autrement, que Dieu soit béni ! Les prières de ma mère ont été exaucées, elle aura deux prêtres dans sa famille : cela suffit pour la rendre heureuse le reste de ses jours. Je crains bien, que l’un des trois écoliers ne cherche à se faire avocat : ce parait être comme une maladie épidémique parmi la génération actuelle des collégiens.

« Quant au petit Léon, le plus jeune de mes frères, il restera probablement, comme c’est l’usage, sur le bien paternel.

— Et vos deux sœurs, qu’en avez-vous fait ?

— L’une est devenue ma belle-sœur en épousant le frère de ma femme, et l’autre a pris le voile. Toutes deux paraissent également heureuses.