Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
217
ÉCONOMISTE

— Non ; nous avons aussi plusieurs familles irlandaises. Toutes se distinguent par des habitudes industrieuses et par leur attachement inébranlable au culte catholique. Jusqu’à présent l’accord le plus parfait n’a cessé de régner entre elles et le reste des habitants. Il est vrai que je ne manque pas de leur répéter souvent la maxime de l’apôtre, « aimez-vous les uns les autres. » Car j’ai toujours considéré qu’un des plus beaux devoirs du prêtre c’est de s’efforcer de faire disparaître ces haines de race, ces préjugés nationaux, ces animosités sans fondement qui font tant de mal parmi les chrétiens ; c’est de travailler à faire de toutes ses ouailles une seule et même famille unie par les liens de l’amour et de la charité. Quand je vois arriver parmi nous de pauvres émigrés, venant demander à une terre étrangère le pain et le bonheur en échange de leur travail, je me sens pénétré de compassion, et je m’empresse de leur tendre une main sympathique : soyez les bienvenus, leur dis-je, il y a place pour nous tous sous le soleil ; venez, vous trouverez en nous des amis et des frères. En peu d’années ces familles laborieuses se font une existence aisée. Plusieurs mariages contractés avec leurs voisins d’origine française contribuent encore à cimenter l’union et la bonne harmonie qui n’a cessé d’exister entre les deux nationalités.

« Il y a quelque chose de bon à prendre dans les mœurs et les usages de chaque peuple ; et notre contact avec des populations d’origine et de contrées différentes peut, sans porter atteinte à notre caractère national, introduire dans nos habitudes certaines modifications qui ne seront pas sans influence sur notre avenir, et en particulier sur notre avenir matériel. »