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ÉCONOMISTE

tous les autres, c’est la salubrité du climat. L’air de nos cantons est constamment pur et sain, grâce aux forêts qui couvrent encore une partie du territoire, et à l’absence de grands marécages. Aussi la vie dure-t-elle longtemps, et les vieillards de cent ans ne sont pas rares parmi nous. Les beautés naturelles de nos cantons sont égales sinon supérieures à celles de la Suisse ; nous avons une étonnante variété de lacs et de montagnes…

« Cet air pur de nos montagnes, ajouta Jean Rivard, et la salubrité générale de notre climat expliquent peut-être un fait qui semble d’abord assez étrange, mais qui n’en existe pas moins : c’est que la race canadienne transplantée ici s’améliore graduellement ; les hommes y deviennent plus hauts, plus forts, et les femmes s’y embellissent. Cette idée fait rire monsieur le curé, mais je voudrais que nous puissions vivre tous deux l’espace de deux ou trois générations, je serais certain de le convaincre.

— Vous oubliez une chose, dit le curé.

— C’est possible.

— La pêche et la chasse.

— C’est vrai ; mais je pouvais convenablement laisser cela à monsieur le curé qui, je crois, pèche beaucoup plus que moi. Il vous aurait dit que si nous voulons un poisson pour le vendredi, nous n’avons que le soin d’aller jeter une ligne sur le bord de la rivière, ou au milieu d’un des nombreux petits lacs du voisinage ; et que si nous avons fantaisie d’une tourtre ou d’une perdrix, nous n’avons qu’à nous acheminer, le fusil sur l’épaule, vers la lisière de la forêt. »

Au bout d’une heure, je me levai pour partir, mais