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JEAN RIVARD

Mais depuis que Jean Rivard n’était plus seul dans la localité, ces dernières appellations paraissaient insuffisantes.

Il fut donc proposé, dans une assemblée qui eut lieu un dimanche après la messe, et à laquelle assistaient la plus grande partie des habitants du canton, qu’à l’avenir cette localité portât le nom de « Rivardville. »

« Je sais bien, » dit, dans une courte allocution, le père Landry, président de cette assemblée, « je sais bien que nos enfants n’oublieront jamais celui qui le premier s’est frayé un chemin à travers la forêt du canton de Bristol. C’est à lui qu’ils devront l’aisance et le bonheur dont ils jouiront sans doute par la suite, Mais nous qui connaissons plus particulièrement tout ce que nous devons au courage, à l’énergie de notre jeune chef, empressons-nous de lui offrir un témoignage de reconnaissance et de respect, en donnant son nom à cette localité dont il est, de fait, le véritable fondateur. Honneur à Jean Rivard ! et que les environs de sa demeure, s’ils deviennent plus tard ville ou village, soient un monument durable de sa valeur, qu’ils disent à la postérité ce que peut opérer le travail uni à la persévérance. »

Ces simples paroles retentirent dans le cœur de tous les assistants.

Hourra pour Jean Rivard ! s’écria-t-on de toutes parts.

Jean Rivard et Gendreau-le-Plaideux furent les seuls qui s’opposèrent à cette proposition, le premier par modestie, le second par esprit de contradiction.

Gendreau ne voyait pas pourquoi l’on ne conservait pas l’ancien nom de Bristol qu’il trouvait de beaucoup