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JEAN RIVARD

« Quoique les opérations de la nôtre aient été assez restreintes jusqu’aujourd’hui, – car nous avons voulu agir avec la plus grande prudence, — cependant les bases en sont très larges, et j’espère qu’avant peu nous en obtiendrons des résultats surprenants.

« Elle s’occupe en général de l’étude des ressources du pays et des moyens de les exploiter ; elle constate les produits de consommation locale, même ceux d’importation qui pourraient être fabriqués ici aussi économiquement que dans les autres localités ; elle favorise l’exportation des produits qui peuvent se vendre avec avantage sur les marchés étrangers ; elle s’efforce de rendre les communications et les débouchés plus faciles, et d’en augmenter le nombre, elle encourage l’agriculture, sans laquelle toutes les autres industries languissent ; enfin elle favorise la diffusion des connaissances usuelles, et l’instruction populaire qui sert d’engin à tout le reste.

« On ne sait pas tout ce qu’on pourrait accomplir au moyen d’associations de ce genre.

– Des personnes éclairées et bien intentionnées, fis-je remarquer, regardent pourtant d’un mauvais œil l’établissement de manufactures dans le pays.

— Oui, répondit-il, et la question est aussi controversée parmi nous. Nous ne nous cachons pas les inconvénients que présente l’industrie manufacturière exercée sur une grande échelle, comme dans les vieux pays de l’Europe, où le bonheur et la vie même des pauvres ouvriers sont à la merci des fabricants, ou les jeunes enfants s’étiolent, où les jeunes filles se dépravent, ou des êtres humains devenus machines passent leur vie dans l’ignorance et l’abrutissement le plus complet. Mais ne pouvons-nous