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ÉCONOMISTE

périté ; car toutes les industries se soutiennent l’une par l’autre. Les ouvriers de nos fabriques, appartiennent principalement à la classe agricole ; ils donnent à l’association le temps qu’ils ne peuvent employer avantageusement sur leurs terres. Ainsi, en hiver comme en été, les habitants de Rivardville font un utile emploi de leur temps. Nul n’est oisif et personne ne songe à quitter la paroisse.

« Cela ne nuit en rien à l’existence de cette foule de petites industries, filles du travail et de l’intelligence, qui s’exercent au sein des familles et y sont une source d’aisance. »

Jean Rivard continua à m’entretenir longtemps de tous les détails de l’association, de son organisation, des difficultés qu’elle avait rencontrées, des profits qu’elle rapportait, etc.

« Le principal but de notre association, me dit-il, a été de procurer du travail à ceux qui n’en ont pas ; car il existe malheureusement dans toute localité tant soit peu populeuse, un certain nombre d’individus dépourvus des connaissances, de l’expérience ou de l’énergie nécessaires pour s’en procurer par eux-mêmes ; et il arrive quelquefois que ces individus, rebutés, découragés, se livrent au vol ou à la fainéantise, et finissent par être des êtres nuisibles dans le monde. Il est vrai que le zèle privé, l’esprit philanthropique et charitable des citoyens éclairés, s’ils sont bien pénétrés de ces vérités, peuvent faire plus, comparativement parlant, que ne font les efforts combinés des associations ; mais il faut à ce zèle privé, à cet esprit philanthropique, un stimulant qui le tienne constamment en éveil ; et l’association est un de ces stimulants.