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ÉCONOMISTE

si blancs que les hommes n’osaient fumer dans la maison de peur de les ternir. Cette propreté s’étendait même jusqu’au dehors ; elle ne pouvait souffrir qu’une paille traînât devant la porte. Son mari la plaisantait quelquefois à ce sujet, mais inutilement. La propreté était devenue chez elle une seconde nature.

Inutile de dire que cette propreté se faisait remarquer d’abord sur sa personne. Quoique ses vêtements fussent en grande partie de manufacture domestique, et du genre le plus simple, cependant il y avait tant de goût dans son ajustement que les plus difficiles en fait de toilette n’y pouvaient trouver à redire.

Jean Rivard trouvait toujours sa Louise aussi charmante que le jour de ses noces. Il n’eût jamais souffert qu’elle s’assujettit aux rudes et pénibles travaux des champs. S’il arrivait quelquefois à celle-ci d’aller dans les belles journées d’été prendre part à la fenaison, c’était autant par amusement que pour donner une aide passagère.

C’était une grande fête pour les travailleurs que la présence de madame Rivard au milieu d’eux.

Mais il y avait deux autres occupations extérieures qu’elle affectionnait particulièrement : c’était le soin de la basse-cour et celui du jardin. Quant à cette dernière occupation, à part le bêchage et la préparation du sol qui se faisaient à bras d’hommes, tout le reste était à sa charge. Dans la belle saison de l’été, on pouvait la voir, presque chaque jour, coiffée de son large chapeau de paille, passer une heure ou deux au milieu de ses carrés de légumes, les arrosant, extirpant les herbes nuisibles,