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JEAN RIVARD

lance continuelle que j’ai apportée à toutes les parties de mon exploitation, aux livres sur l’agriculture, où j’ai souvent puisé d’excellents conseils et des recettes fort utiles, et aux conversations que j’ai eues avec un grand nombre d’agriculteurs canadiens, anglais, écossais, irlandais. Il est rare qu’on s’entretienne d’agriculture avec un homme d’expérience sans acquérir quelque notion utile.

« Mais il est temps que j’en vienne à mon quatrième secret que je puis définir : surveillance attentive, ordre et économie.

« Je me lève de bon matin, d’un bout à l’autre de l’année. À part la saison des semailles et des récoltes, je puis alors, comme je vous l’ai dit, consacrer quelques moments à lire ou à écrire, après quoi je visite mes étables et autres bâtiments, je soigne moi-même mes animaux et vois à ce que tout soit dans un ordre parfait.

« Il est très-rare que je me dispense de cette tâche. En effet, jamais les animaux ne sont aussi bien traités que de la main de leur maître.

« Je trouve dans ces soins une jouissance toujours nouvelle.

« Durant toute la journée, je dirige les travaux de la ferme. Je surveille mes hommes, je m’applique à tirer de leur travail le meilleur parti possible, sans toutefois nuire à leur santé ou les dégoûter du métier. J’ai d’abord pris pour règle de leur donner une nourriture saine et abondante. La viande, le pain, les légumes, le lait ne leur sont pas ménagés. Je veille ensuite à ce qu’ils ne fassent pas d’excès. Les journaliers canadiens ont l’habitude de travailler par bouffées ; ils risqueront quelquefois, par émula-