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ÉCONOMISTE

cole et en particulier le défricheur, sur les autres classes de travailleurs, c’est qu’il ne chôme jamais forcément. S’il ne travaille pas, c’est qu’il ne veut pas. Le cultivateur intelligent, actif, industrieux sait tirer parti de tous ses moments. Point de morte saison pour lui.

« Une chose est certaine, à mon avis : si le cultivateur travaillait avec autant de constance et d’assiduité que le fait l’ouvrier des villes, de six heures du matin à six heures du soir, et cela depuis le premier janvier jusqu’au dernier décembre de chaque année, il se trouverait bientôt jouir de plus d’aisance puisqu’il n’est pas assujetti aux mêmes dépenses, et que les besoins de luxe et de toilette qui tourmentent sans cesse l’habitant des villes lui sont comparativement étrangers.

— Vous considérez donc le travail comme la première cause de votre succès ?

— Je considère le travail comme la grande et principale cause de ma réussite. Mais ce n’est pas tout ; je dois aussi beaucoup, depuis quelques années surtout, à mon système de culture, aux soins incessants que j’ai donnés à ma terre pour lui conserver sa fertilité primitive, — car le sol s’épuise assez vite, même dans les terres nouvellement défrichées, et il faut entretenir sans relâche sa fécondité par des engrais, des travaux d’assainissement ou d’irrigation ; – je dois beaucoup au système de rotation que j’ai suivi, aux instruments perfectionnés que j’ai pu me procurer, quand mes moyens pécuniaires me l’ont permis, à l’attention que j’ai donnée au choix de mes animaux, à leur croisement, à leur nourriture ; enfin, aux soins assidus, à la surveil-