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ÉCONOMISTE

« Je puis, continua-t-il, réunir tous mes secrets sous cinq chefs différents :

« Premier secret : un fond de terre d’une excellente qualité. C’est là une condition de première importance ; et, comme je vous le disais ce matin, les agents chargés de la vente des terres publiques ne devraient pas être autorisés à vendre des lots ingrats.

« Deuxième secret : une forte santé dont je rends grâces à Dieu. C’est encore là une condition indispensable du succès ; mais il faut ajouter, aussi, comme je viens de le dire, que rien n’est plus propre à développer les forces physiques que l’exercice en plein air.

« Troisième secret : le travail. Je puis dire que pendant les premières années de ma vie de défricheur, j’ai travaillé presque sans relâche. Je m’étais dit en commençant : je possède un lot de terre fertile, je puis en tirer des richesses, je veux voir ce que pourra produire une industrie persévérante. Je fis de mon exploitation agricole, ma grande, ma principale affaire. Depuis le lever de l’aurore jusqu’au coucher du soleil, chaque pas que je faisais avait pour but l’amélioration de ma propriété. Pas un de mes instants n’était perdu. Plus de dix heures par jour, j’étais là debout, tourmentant le sol, abattant les arbres, semant, fauchant, binant, récoltant, construisant, allant et venant deci-delà, surveillant tout, dirigeant tout, comme le général qui pousse son armée à travers les obstacles et les dangers, visant sans cesse à la victoire.

« Je ne puis travailler autant maintenant que je faisais autrefois, parce que je suis dérangé par mille