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ÉCONOMISTE

La table était couverte de mets, viandes, légumes, confitures, crème, sirop, etc. Mais à part le sel et le poivre, tout provenait de la ferme de Jean Rivard. Le repas fut servi sans le moindre embarras ; madame Rivard veillait à tout avec une intelligence parfaite. Je ne pus m’empêcher d’admirer l’air de décence et de savoir-vivre des enfants qui prenaient part au dîner. La conversation roula principalement sur le genre d’éducation que Jean Rivard se proposait de donner à ses enfants.

Après le dîner, mon hôte me fit passer dans le salon, puis me montra l’un après l’autre tous les appartements de sa maison.

« Dans la construction de ma résidence, me dit-il, j’ai eu principalement en vue la commodité et la salubrité. Je l’ai faite haute et spacieuse, pour que l’air s’y renouvelle facilement et s’y conserve longtemps dans toute sa pureté.

« Quant à notre ameublement de salon, ajouta-t-il, vous voyez que nous n’avons rien que de fort simple. Les fauteuils, les chaises, les sofas ont tous été fabriqués à Rivardville, et quoiqu’ils ne soient pas tout à fait dépourvus d’élégance ni surtout de solidité, ils ne me coûtent guère plus que la moitié du prix que vous payez en ville pour les mêmes objets. Comme je vous l’ai dit, je tiens au confort, à la commodité, à la propreté, et un peu aussi à l’élégance ; mais je suis ennemi du luxe. Je prends le plus grand soin pour ne pas me laisser entraîner sur ce terrain glissant. C’est quelquefois assez difficile. Par exemple, l’acquisition du tapis de laine que vous voyez dans notre salon a été l’objet de longs débats entre ma femme et moi. Nous l’avons acheté quelque temps après mon