Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
JEAN RIVARD

Nous passâmes dans la porcherie où se vautraient six beaux cochons de la race Berkshire.

Il y a longtemps, dit Jean Rivard, que je me suis défait de notre petite race de porcs canadiens qui dépensent plus qu’ils ne valent. Ces cochons que vous voyez donnent deux fois autant de viande et s’engraissent plus facilement. Nous les nourrissons des rebuts de la cuisine et de la laiterie, de son détrempé, de patates, de carottes et autres légumes.

Quant à ces poules qui caquettent en se promenant autour de nous, ce sont ma femme et mes enfants qui en prennent soin, qui les nourrissent, les surveillent, ramassent les œufs et les vendent aux marchands. Ma femme, qui depuis longtemps sait tenir registre de ses dépenses et de ses recettes, prétend qu’elle fait d’excellentes affaires avec ses poules. Elle a feuilleté tous mes ouvrages d’agriculture pour y lire ce qui concerne les soins de la basse-cour, et elle fait son profit des renseignements qu’elle a recueillis. Elle en sait beaucoup plus long que moi sur ce chapitre. Ce qui est certain, c’est qu’elle trouve moyen de faire pondre ses poules jusqu’en plein cœur d’hiver. Les œufs qu’elle met couver ne manquent jamais d’éclore à temps et les poussins sont forts et vigoureux. Il faut voir avec quelle sollicitude elle leur distribue la nourriture, tant qu’ils sont trop petits pour la chercher eux-mêmes. Elle est d’ailleurs tellement populaire chez toute la gente ailée, qu’elle ne peut sortir de la maison sans être entourée d’un certain nombre de ces intéressants bipèdes.

Il ne nous reste plus qu’à visiter le jardin, me dit Jean Rivard ; et quoique ce ne soit qu’un potager