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ÉCONOMISTE

principales parties de la fortune publique, et on ne devrait pas laisser l’exploitation s’en faire sans règles, sans économie, sans nul souci de l’avenir.

J’ai souvent songé que si notre gouvernement s’intéressait autant au bien-être, à la prospérité des habitants du pays qu’un bon père de famille s’intéresse au sort de ses enfants, au lieu de concéder à de pauvres colons des lots qui ne produiront jamais rien malgré tous leurs efforts, il laisserait ces terrains en forêts pour en tirer le meilleur parti possible. Il y a cruauté à laisser le pauvre colon épuiser ainsi son énergie et sa santé sur un sol ingrat.

Après quelques instants de repos, nous repartîmes pour la maison.

Mon hôte me parla beaucoup des fossés et des rigoles qui sillonnaient sa terre en tous sens, des clôtures qui entouraient ses champs, des dépenses et du travail que tout cela occasionnait et des avantages qu’il en retirait.

Je ne pus m’empêcher, en admirant la richesse et la beauté des moissons, de remarquer l’absence presque complète de mauvaises herbes. J’appris que cela était dû principalement aux labours profonds pratiqués pour enfouir les engrais.

À notre retour, nous visitâmes successivement tous les bâtiments de la ferme, à commencer par l’étable et l’écurie. Pas le moindre mauvais air ne s’y faisait sentir. Au contraire, comme me l’avait déjà dit mon hôte, ces deux appartements étaient parfaitement aérés, et tenus dans la plus grande propreté. D’après la manière dont le pavé était disposé, aucune parcelle de fumier, aucune goutte d’urine n’y étaient perdues. Cette dernière s’écoulait d’elle même dans un réservoir pratiqué à cet effet.