Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
ÉCONOMISTE.

ville. « Avec ma terre et ma boutique, » me dit cet homme, « je suis à peu près sûr de ne jamais perdre de temps. » Ces seuls mots m’ont donné de lui une idée avantageuse et je souhaite de tout mon cœur qu’il devienne un des nôtres. »

« 25 Août — Encore un ouvrier qui vient grossir notre colonie. M. J. B. Leduc, charron, vient d’acheter un lot à environ un mille d’ici. Il veut cultiver, avec ses enfants, en même temps qu’il exercera son métier de charron, quand l’occasion s’en présentera. Nous avons dans notre canton un grand besoin de voitures de toutes sortes, et je suis sûr que M. Leduc aura peine à répondre aux commandes qui lui viendront de tous côtés.

M. Leduc me paraît un homme intelligent et fort respectable, et je suis heureux de le voir s’établir au milieu de nous. »

« 2 Septembre. — J’ai reçu ce soir la visite d’un jeune homme de Montréal, qui désire s’établir ici comme marchand. Il me parait assez intelligent, mais je n’ai pas hésité à désapprouver son projet. Nous avons déjà deux petits négociants dans le canton de Bristol, c’est assez ; c’est même trop pour le moment. Avant d’échanger, il faut produire. Une des causes de la gêne dans nos campagnes, c’est le trop grand nombre de commerçants. Les cultivateurs y trouvent trop facilement le moyen de s’endetter, en faisant l’achat de choses inutiles. Le marchand, s’il n’a pas un grand fonds d’honnêteté, vendra ses marchandises à un prix exorbitant ou prêtera à gros intérêt, ruinant ainsi, en peu d’années, d’honnêtes pères de famille qui mériteraient un meilleur sort. »