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JEAN RIVARD

ne venons pas vous faire de chicane mal à propos mais nous allons vous dire en deux mots, pour ne pas perdre de temps, que nous sommes délégués auprès de vous pour vous prier de vous laisser porter candidat à la représentation du peuple en Parlement. À plusieurs assemblées particulières, convoquées dans le but de faire choix d’un candidat digne de nous représenter dans le grand conseil de la nation, c’est toujours votre nom qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages. Et en effet, monsieur, soit dit sans vous flatter, vous avez tout ce qu’il faut pour faire un digne représentant du peuple, et en particulier de la classe agricole qui a un si grand besoin de bons représentants dans la législature. Vous avez les mêmes intérêts que nous, vous avez assez d’instruction et de connaissance des affaires pour saisir la portée des propositions qui vous seront soumises ; et ce qui vaut mieux que tout le reste, vous êtes connu pour votre droiture, pour votre intégrité, votre honnêteté, et pour tout dire, en un mot, nous avons pleine et entière confiance dans votre patriotisme.

— « Messieurs, répondit Jean Rivard, d’une voix un peu émue, votre démarche me flatte assurément beaucoup, et j’étais loin de m’attendre à cet honneur. Cependant je ne dirais pas la vérité si je vous laissais croire que je suis le moins du monde embarrassé sur la réponse que je dois faire. J’ai réfléchi plus d’une fois à la ligne de conduite qu’un homme doit suivre en pareille circonstance, et ma réponse sera brève et claire.

« Si je ne consultais que mon intérêt et mes affections personnelles, je rejetterais loin de moi toute