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JEAN RIVARD

Gendreau-le-Plaideux, malgré sa mauvaise foi évidente, réussit donc à capter la confiance d’un certain nombre des habitants de la paroisse, qui l’approuvaient en toutes choses, l’accompagnaient partout et ne juraient que par lui.

Chose singulière ! c’étaient les plus âgés qui faisaient ainsi escorte à Gendreau-le-Plaideux.

Suivant eux, Jean Rivard était encore trop jeune pour se mêler de conduire les affaires de la paroisse.

En outre, répétaient-ils après leur coryphée, nos pères ont bien vécu sans cela, pourquoi n’en ferions-nous pas autant ?

Enfin, Gendreau-le-Plaideux fit tant et si bien qu’à l’élection des commissaires, qui fut renouvelée presqu’aussitôt après l’engagement du professeur, Jean Rivard et le père Landry ne furent pas réélus.

Le croira-t-on ? Jean Rivard, le noble et vaillant défricheur, l’homme de progrès par excellence, l’ami du pauvre, le bienfaiteur de la paroisse, Jean Rivard ne fut pas réélu ! Il était devenu impopulaire !…

Une majorité, faible il est vrai, mais enfin une majorité des contribuables lui préférèrent Gendreau-le-Plaideux !

Il en fut profondément affligé, mais ne s’en plaignit pas.

Il connaissait un peu l’histoire ; il savait que de plus grands hommes que lui avaient subi le même sort ; il se reposait sur l’avenir pour le triomphe de sa cause.

Son bon ami, Octave Doucet, qui se montra aussi très-affecté de ce contretemps, le consola du mieux qu’il pût, en l’assurant que tôt ou tard les habitants de