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JEAN RIVARD

l’Éducation doit les exercer, les cultiver diversement aussi ; mais les négliger, jamais ! L’homme du peuple s’applique à d’autres choses ; il étudie d’autres choses que le négociant et le magistrat ; il en étudie, il en sait moins : c’est dans l’ordre : mais qu’il sache aussi bien, qu’il sache même mieux ce qu’il doit savoir ; qu’il ait autant d’esprit, et quelquefois plus, pourquoi pas ? »

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Deux obstacles sérieux s’opposent à l’établissement d’écoles dans les localités nouvelles : le manque d’argent et le manque de bras. La plupart des défricheurs n’ont que juste ce qu’il faut pour subvenir aux besoins indispensables, et du moment qu’un enfant est en âge d’être utile, on tire profit de son travail.

Durant les premières années de son établissement dans la forêt, Jean Rivard avait bien compris qu’on ne pouvait songer à établir des écoles régulières Mais son zèle était déjà tel à cette époque, que pendant plus d’une année il n’employa pas moins d’une heure tous les dimanches à enseigner gratuitement les premiers éléments des lettres aux enfants et même aux jeunes gens qui voulaient assister à ses leçons.

Un bon nombre de ces enfants firent des progrès remarquables. La mémoire est si heureuse à cet âge ! Ils répétaient chez eux, durant la semaine, ce qu’ils avaient appris le dimanche, et n’en étaient que mieux préparés à recevoir la leçon du dimanche suivant. Dans plusieurs familles d’ailleurs, les personnes sachant lire et écrire s’empressaient de continuer les leçons données le dimanche par Jean Rivard.