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ÉCONOMISTE.

par répondre aux vœux et aux besoins de la population.

« Mais la cause première de cette lacune dans les mœurs de notre population, la cause fondamentale de l’état de choses que nous déplorons, et qu’il importe avant tout de faire disparaître, c’est le défaut d’une éducation convenable. Oui, mon ami, de toutes les réformes désirables, c’est là la plus urgente, la plus indispensable : elle doit être la base de toutes les autres. Avant de faire appel à l’esprit, à la raison du peuple, il faut cultiver cet esprit, développer, exercer cette raison. Donner à toutes les idées saines, à toutes les connaissances pratiques la plus grande diffusion possible, tel doit être le but de tout homme qui désire l’avancement social, matériel et politique de ses concitoyens. Cette idée n’est pas nouvelle ; on l’a proclamée mille et mille fois : mais il faut la répéter jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement comprise. Sans cela, point de réforme possible.

« En quoi doit consister cette éducation populaire ? C’est là une question trop vaste, trop sérieuse pour que j’entreprenne de la traiter. Mais d’autres l’ont fait avant moi et beaucoup mieux que je ne le pourrais faire. D’ailleurs, à cet égard, je me laisse aveuglément guider par notre ami Doucet.

« Tu dis que je suis roi de ma localité : oh ! si j’étais roi, mon ami, avec quel zèle j’emploierais une partie de mon revenu à répandre l’éducation dans mon royaume, en même temps que j’encouragerais par tous les moyens possibles la pratique de l’agriculture et des industries qui s’y rattachent !

« Je considérerais les ressources intellectuelles enfouies dans la multitude de têtes confiées à mes