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ÉCONOMISTE.

et social, aussi bien que dans l’ordre industriel et scientifique. Parmi ces hommes arriérés un grand nombre sont honnêtes et de bonne foi ; mais d’autres ne sont guidés que par l’égoïsme, ou par le désir de flatter les préjugés populaires ! À part le père Gendreau, dont je t’ai déjà parlé, lequel ne fait d’opposition que par esprit de contradiction, et qui au fond est plus digne de pitié que de haine, j’ai depuis quelque temps à faire face à une opposition plus redoutable et plus habile de la part du notaire de notre village. C’est un homme en apparence assez froid, mais qui sous des dehors de modération cache une ambition insatiable. Il ne tente aucune opposition ouverte, mais dans ses entretiens privés il se plaît à critiquer mes projets et me nuit ainsi d’autant plus que je n’ai pas l’avantage de pouvoir me défendre. Il a, m’assure-t-on, l’intention de solliciter les suffrages des électeurs aux prochaines élections parlementaires, et tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit, il le fait et le dit dans le but de se rendre populaire.

« Notre médecin, qui est un homme éclairé et qui le plus souvent favorise mes projets, n’ose plus me prêter l’appui de son autorité morale, du moment que le débat prend une tournure sérieuse. Il se contente alors de rester neutre, et cette neutralité m’est plus défavorable qu’utile.

« Je me découragerais parfois si notre bon ami Doucet n’était là pour me réconforter et retremper mon zèle. Il ne veut pas se mêler ouvertement à nos débats, de crainte d’être mal vu de ses ouailles, et je respecte sa délicatesse ; mais en particulier il m’approuve de tout cœur ; cela me suffit.

« Ne vas pas croire pourtant, mon ami, qu’en te