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JEAN RIVARD

commerce. Leur fortune, est à peu près égale à la mienne c’est-à-dire qu’ils n’ont rien. Ni l’un ni l’autre toutefois n’a l’air de s’en douter. C’est à qui fera les plus riches cadeaux à Antonine et à sa sœur. C’est au point que, la mère de celles-ci s’est crue obligée d’intervenir, et de s’opposer formellement à cette étrange mode de faire sa cour. Ces jeunes messieurs, disait-elle l’autre jour, feraient beaucoup mieux d’employer l’argent de leurs cadeaux à se créer un fonds d’épargnes. Cette remarque et d’autres que j’entends faire de temps en temps sur le compte de mes rivaux me rassurent, et me font croire que mon système, qui est tout l’opposé du leur, ne déplaît pas trop. Le père d’Antonine surtout ne peut cacher son dédain pour ces jeunes freluquets, qui, faute d’autres qualités, cherchent à se faire aimer à prix d’argent

« L’un d’eux toutefois est, paraît-il, un magnifique danseur, et si plus tard Antonine prenait du goût pour les bals ou les soirées dansantes, il pourrait bien me faire une redoutable concurrence. Ajoutons que tous deux sont excessivement particuliers sur leur toilette, et qu’ils ne viennent jamais sans être peignés, frisés, pommadés et tirés à quatre épingles ; avantage qui, soit dit en passant, me fait complètement défaut.

« Je ne manquerai pas de te tenir au courant des événements. Mais comme « de soins plus importants je te sais occupé, » je te laisse pleine liberté de lire ou de ne pas lire mes confidences amoureuses, et par conséquent de n’y pas répondre.

« J’ai passé ma soirée d’hier avec notre ancien confrère de collège, le Dr E. T.…, lequel, entre pa-