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JEAN RIVARD

honte d’être surprise faisant un travail domestique — elle a trop d’esprit pour cela — mais sans doute parce qu’elle ne m’attendait pas, et peut-être aussi parce qu’elle lisait dans mes yeux combien je l’aimais dans sa tenue simple et modeste. D’après ce que dit leur mère, qui parle volontiers de ces détails en ma présence, Antonine et sa sœur sont ainsi occupées de travaux de ménage, depuis le matin jusqu’à midi ; elles changent alors de toilette, et leur après-midi se passe dans des travaux de couture, et quelquefois de broderie. Elles ont appris à tailler elles-mêmes leurs vêtements, et elles peuvent façonner de leurs mains tous leurs articles de toilette, depuis la robe jusqu’au chapeau. C’est une espèce de jouissance pour elles, en même temps qu’une grande économie pour la maison. Leur toilette d’ailleurs est remarquable par son extrême simplicité, en même temps que par son élégance, preuve à la fois de bon goût et de bon sens.

« Combien de jeunes filles cherchent à vous éblouir par la richesse et l’éclat de leur toilette, et se croient d’autant plus séduisantes qu’elles affichent plus de luxe ! Elles ne savent pas que ces goûts extravagants épouvantent les jeunes gens et en condamnent un grand nombre au célibat. Passe pour celles qui ne sont pas belles, et qui n’ont aucun autre moyen d’attirer l’attention ; mais quel besoin la jolie jeune fille a-t-elle de tant se parer pour être aimable ?

« De temps à autre, mais assez rarement, Antonine et sa sœur sortent avec leur mère dans l’après-midi, soit pour magasiner, soit pour faire quelques visites Le soir, elles lisent, ou font de la musique dans le