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trouvaient le nouveau bill des douanes et le bill d’indemnité. Les galeries étaient, comme à l’ordinaire, remplies de curieux, à l’exception pourtant de celle des dames, qui était à peu près ■déserte. La sanction royale fut donnée au milieu d’un silence parfait, à treize ou quatorze bills ; puis vint le bill d’indemnité. Alors on entendit un murmure dans diverses parties des galeries, puis quelques sifflets, et on vit un certain nombre de personnes sortir précipitamment comme pour aller répandre la nouvelle. Un attroupement se forma près de l’endroit où. était stationné la voiture du gouverneur, et quand celui-ci sortit, des individus lancèrent des morceaux de glace et des œufs sur Son Excellence et ses aides de camp. Le cocher dut hâter la marche des chevaux pour soustraire le gouverneur à ces projectiles plus dégoûtants ■que dangereux. La nouvelle de cet outrage se répandit bientôt par toute la ville, et y causa une émotion difficile à décrire. En même temps la Gazette de Montréal fit sortir et circuler par toutes les rues un Extra dans les termes suivants :


(EXTRA DE LA GAZETTE.)


“ La disgrâce de, la Grande-Bretagne consommée.

« Le Canada vendu et abandonné.

« Le bill des pertes de la rébellion passé.

« Œufs pourris lancés sur le gouverneur ! ! !


« Cet après-midi il circulait une rumeur en ville que le gouverneur général se rendrait à la Chambre et donnerait la sanction à certains bills ; mais on ne pouvait pas supposer que le bill de l’indemnité des pertes de la rébellion serait du nombre.

« Honteux du rôle qu’il allait jouer, et espérant en imposer au sentiment public, lord Elgin vint ramper dans la Chambre une heure après le temps marqué ; et quand on eut pu croire qu’il avait changé d’intention, il se montra dans la chambre du Conseil législatif. Après la lecture de plusieurs bills de peu d’importance,