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avait vue rôder en cet endroit en compagnie de plusieurs cerfs. L’arbre sur lequel il s’était établi était planté au milieu d’une vaste clairière et près d’un sentier.

Vers minuit, il vit arriver une lionne suivie d’un lion fauve et à tous crins. La lionne quitta le sentier et vint se coucher au pied du chêne ; le lion était resté sur le chemin et paraissait écouter.

Mohammed entendit alors un rugissement lointain et qu’il distinguait à peine ; aussitôt la lionne lui répondit. Le lion fauve se mit à rugir si fort, que le chasseur épouvanté laissa tomber son fusil pour se cramponner aux branches et ne pas tomber lui-même.

À mesure que l’animal qui s’était fait entendre d’abord paraissait se rapprocher, la lionne rugissait de plus belle, et le lion, furieux, allait et venait du sentier à la lionne, comme s’il avait voulu lui imposer silence, et de la lionne au sentier, comme pour dire : « Eh bien, qu’il vienne, je l’attends. »

Une heure après, un lion noir comme un sanglier apparaissait à l’extrémité de la clairière. La lionne se leva pour aller à lui ; mais, devinant son intention, le lion courut au-devant de son ennemi. Ils se rasèrent tous deux pour prendre leur élan, puis ils bondirent en