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fréquentés, cependant aucune d’elles ne m’a paru si courte.

Assis près d’un laurier-rose qui dominait le gué, je cherchais des yeux et de l’oreille le feu d’une tente, l’aboiement d’un chien dans la montagne quelque chose, enfin, qui me dit : Tu n’es pas seul.

Mais tout était silence et obscurité autour de moi, et, aussi loin que la vue et l’ouïe pouvaient chercher, rien des hommes.

J’étais bien en tête à tête avec mon fusil.

Cependant le temps avait marché, et la lune, que je n’espérais pas voir, tant mon horizon était borné, commençait à jeter autour de moi une espèce de demi jour que j’accueillis avec gratitude.

Il pouvait être onze heures, et je finissais par m’étonner d’avoir attendu si longtemps, lorsqu’il me sembla entendre marcher sous bois.

Peu à peu le bruit devint plus distinct ; c’étaient, à n’en pas douter, plusieurs grands animaux.

Bientôt j’aperçus sous la futaie plusieurs points lumineux d’une clarté rougeâtre et mobile qui s’avançaient vers moi.

Cette fois je reconnus sans peine la famille des lions, qui arrivaient par le sentier, marchant à la file vers le gué que j’occupais.