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menaçant dans la plaine, elles ont dû, pour sauver leurs têtes et leurs biens, choisir une retraite sûre.

Malgré les ravages que les lions font dans leurs troupeaux, ces familles indigènes n’ont jamais pensé à émigrer ; chacune d’elles, lorsqu’elle établit son budget annuel, dit : Tant pour le lion, tant pour l’État et tant pour nous. Et la part du lion est toujours dix fois plus forte que celle de l’État.

Les chemins de communication sur les versants des deux montagnes sont si mauvais, que, dans bien des endroits, un homme à pied peut à peine y passer sans courir le risque de se rompre le cou.

Il en est de même pour les gués qui traversent l’Oued-Cherf et communiquent d’un versant à l’autre. Celui par lequel les lions étaient descendus dans la rivière, et que j’allais garder, était comme les autres étroit et encaissé.

À cet endroit, l’Oued-Cherf forme un coude qui borne la vue de tous côtés, de sorte que la place où je me trouvais est, comme le fond d’un entonnoir, tellement sombre, que ni le soleil ni la lune, cet autre soleil à moi, ne l’éclairent jamais.

Depuis cette nuit-là j’en ai passé bien d’autre encore et dans des parages toujours mal