Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

des populations me fit une loi de marcher dans la voie que je m’étais tracée, qu’il me fut même d’un grand secours contre les émotions quelquefois trop fortes, et, je ne crains pas de l’ajouter, contre les angoisses de l’isolement, la nuit, dans un pays hérissé de périls de toute sorte.

L’amour-propre national, qui m’avait fait entrer dans la carrière, une fois satisfait par des succès réitérés, j’aurais pu me faire accompagner par quelques hommes courageux et dévoués, dont la présence seule eût suffi pour rendre ma tâche plus facile ; mais j’étais passionné à un tel point pour ces excursions nocturnes, en tête à tête avec mon fusil, qu’il m’arrivais souvent, alors même que je n’avais aucun espoir de rencontrer le lion, de passer mes nuits sous bois, errant à l’aventure jusqu’au jour, lequel me surprenait bien loin de ma tente, harassé de fatigue tombant de sommeil, mais heureux de l’emploi de mon temps, content de moi-même et prêt à recommencer le soir.

Je ne sais si un seul de mes lecteurs comprendra ce sentiment, car je doute que je l’eusse compris moi-même avant de l’avoir éprouvé.

Un de mes nombreux confrères en saint Hu-