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roulements du tonnerre, si près de moi, que je regardais chaque éclair comme une bonne fortune dont j’aurais payé la durée de la moitié de mon sang.

Et cependant, cet isolement, je le chérissais, je le recherchais par esprit de nationalité, afin d’abaisser l’orgueil haineux des Arabes, que j’étais heureux de voir se courber devant un Français, non pas tant pour les services qu’il leur rendait gratuitement et au péril de ses jours, mais parce qu’il accomplissait seul ce qu’ils n’osaient entreprendre en force.

Ainsi, non seulement chaque lion qui tombait était un sujet d’étonnement pour eux, mais encore ils ne comprenaient pas comment un étranger pouvait s’aventurer seul, la nuit, dans ses ravins que les hommes du pays évitaient en plein jour.

Aux yeux des Arabes, braves à la guerre, braves partout, excepté en présence du maître qui, disent-ils, tient sa force de Dieu, le chasseur n’avait pas besoin d’éveiller les douars de la montagne par une détonation lointaine pour obtenir un triomphe.

Il lui suffisait de quitter la tente au crépuscule du soir, et de rentrer sain et sauf à la pointe du jour.

On comprendra facilement que ce sentiment