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Aussitôt la troupe se resserre en se groupant comme elle peut autour de son chef, et attend, le fusil à l’épaule, que le lion fasse une trouée dans le fort pour venir à elle.

C’est un moment solennel que celui-là ! Les chasseurs et le lion ne sont séparés que par une distance de quelques pas à peine, et cependant ils ne se voient pas.

Le lion s’est rasé à la manière du chat, afin de mieux bondir et d’offrir moins de prise aux balles.

Tout à coup un des chasseurs fait un signe de la main qui veut dire : Je le vois ! Son voisin suit la direction du doigt et confirme le signe du premier. Tous se pressent tous se poussent pour voir à leur tour et faire feu tous à la fois.

Malheureusement il est tard : le lion, se voyant découvert, est tombé sur la troupe, a broyé la tête de celui-ci, enlevé un œil à celui-là, déchiré l’épaule d’un troisième, puis d’un bond il a disparu sous bois aussi vite qu’il est venu, sans même donner le temps de brûler une amorce.

Alors ce sont des cris déchirants, c’est un brouhaha à ne plus s’entendre ; chacun s’en prend à son voisin de ce qui vient d’arriver, et le malheureux qui a vu le lion le premier,