Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 63 —

passer pour le modèle du chevalier sans peur si non sans reproche, que le lecteur me permette de lui faire connaître un trait de fierté de cet ami, pauvre comme Job, mais fier de ce qu’il vaut, de ce qu’il a fait et de ce qu’il se sent capable de faire.

C’était au mois de mai 1852 ; les troupes de la province de Constantine expéditionnaient en Kabylie sous les ordres du général de M… M…, lorsqu’une insurrection éclata sur plusieurs points de la province.

Le général d’A… fut détaché de la colonne avec quelques bataillons, afin d’arrêter les progrès de l’insurrection et de châtier les tribus rebelles. Je fus attaché à ce général pour traiter, sous ses ordres, les affaires arabes pendant la durée de l’expédition.

Nous arrivâmes, après cinq jours de marche, au pied d’une montagne située chez les Haractah, qui a nom Sidi Reghis et l’honneur d’être habitée par Abdallah le charbonnier.

Comme il était de bonne heure, le général, qui est un des plus passionnés et des plus forts chasseurs que je connaisse, m’exprima le désir de tirer quelques coups de fusil autour de son bivouac.

Je lui parlai d’Abdallah et lui demandai s’il lui serait agréable de l’avoir pour guide.