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que je ne savais pas que nous aurions au rapport deux lions au lieu d’un, ce qui rend la journée doublement dangereuse ; ensuite parce que tu désirais depuis longtemps voir l’homme aux lions, et que je savais que la tribu avait pris les armes à son intention. Tiens, ajouta le vieillard, le voilà près de toi, regarde-le à ton aise pour dire à ta mère et aux gens du douar qui ne le connaissent pas comment il est ; puis quand tu l’auras assez vu, nous nous en irons.

À ces mots nous nous en irons, l’enfant répliqua d’un ton délibéré : — Allez-vous-en si vous voulez, mon père, mais moi je reste ; car s’il me voyait m’en aller, il croirait que j’ai eu peur, et je veux lui faire voir que je suis un enfant de Cessi.

Le père, voyant que la résolution de son fils était inébranlable, essaya des grands moyens : — Écoute, lui dit-il, depuis longtemps tu désires que je t’achète une jument, eh bien, demain, je te promets que tu l’auras.

— Que m’importe la jument, répondit le jeune homme avec fierté, si, en me voyant passer, on dit : Quel dommage qu’une si belle bête soit montée par un cavalier si timide !

— Allons, ajouta le vieillard forcé dans ses derniers retranchements, avec la jument je te