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Sobre comme l’Arabe, il vit de dattes, de galettes, et ne boit que l’eau des montagnes.

— Elle est si bonne, dit-il, qu’on ne regrette pas le vin.

Adolphe d’Houdetot trace en quelques lignes le portrait complet de cet homme extraordinaire : « Corps frêle et délicat, âme grande et forte, regard doux et superbe ; parole rare, sentencieuse et modeste ; tact exquis, — maintien arabe, mystique et religieux. »

Ce biographe est tellement enthousiaste de son héros, que nous l’avons entendu s’écrier un jour :

« — Napoléon, pour sa gloire, a dû finir à Sainte-Hélène ; Gérard, pour la sienne, doit se faire manger par un lion. »

Et comme l’illustre chasseur ne se presse pas de terminer ainsi son épopée, Adolphe d’Houdetot lui bat froid.

Simple et naïf de sa nature, Gérard ignore jusqu’au grand nom qu’il s’est fait[1].

Le chiffre des monstres africains tués par Jules Gérard s’élève aujourd’hui (1857), a vingt-six.

Dans ces luttes terribles, rien n’a manqué à la gloire de l’illustre chasseur. Ses confrères d’Europe s’enorgueillissent lorsqu’ils font coup double sur des perdreaux ou sur des

  1. Plusieurs fois des Anglaises, affolées de sa personne et de sa réputation, lui offrirent leur main et leur fortune. Gérard a repoussé constamment ces offres brillantes. Il n’aime que la vie de soldat, le séjour de l’Afrique et la chasse au désert.