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phe et d’allégresse ; les torches s’allument, des coups de feu donnent le signal d’une fantasia délirante. Les habitants du douar entourent le vainqueur et portent aux nues son héroïsme.

Enfants, vieillards, jeunes filles se pressent autour de lui.

Les uns veulent toucher sa main glorieuse ; les autres lui demandent une bribe de ses vêtements pour la conserver comme relique.

Bref, toute la tribu s’élance, dansant et chantant, dans ce même vallon que, la veille encore, elle traversait avec épouvante. On découvre bientôt le cadavre de l’ennemi public.

C’était un des vieux lions de l’Atlas.

Il pesait, dépouillé, deux cent cinquante kilogrammes et mesurait trois mètres de longueur.

Gérard, à dater de ce jour, fut presque un dieu pour les Arabes. Musulman, il eût été le premier de tous. Français et chrétien ils lui donnèrent les titres les plus pompeux : Chérif, cheik, émir, sultan des lions.

Le retour au camp de Guelma fut un nouveau triomphe pour l’héroïque brigadier.

Son nom se répandit chez toutes les peuplades voisines.

Trois semaines après la mort du premier lion, quelques Arabes de la Mahouna, douar des Zaoueni, viennent implorer son secours contre un autre roi du désert, qui leur enlève chaque nuit des hommes et des bestiaux.

Gérard demande à son capitaine une permission nouvelle et se rend à la Mahouna,