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resté sans imitateur, comme il était sans modèle. »

Certes, les historiens du sultan des lions, comme on appelle Gérard sous la tente, auraient tort de prier l’imagination de leur venir en aide ; car, dans cette vie extraordinaire, la réalité s’élève à la hauteur du merveilleux.

Notre héros est né, en 1817, à Pignans, arrondissement de Toulon.

Son père, qu’il perdit de bonne heure, était un honorable employé de l’État. Dans sa place modeste, M. Gérard père ne reçut aucune visite de la Fortune, et ne laissa d’autre patrimoine à sa famille qu’un nom respecté.

L’enfance de Jules n’offre aucun détail curieux.

Seulement il manifesta de bonne heure une irrésistible vocation pour l’état militaire. Il aimait beaucoup la chasse, première et dernière passion des âmes vigoureuses.

Au bois comme en plaine, déjà le jeune homme se distinguait par son adresse et par son énergie.

Tous les vieux amateurs du canton parlent encore de sa sûreté de coup d’œil et de son jarret infatigable,

Jules avait terminé toutes ses études à l’âge de quinze ans. Sa jeunesse fut orageuse. Le sang méridional bouillonnait dans son cœur et dans sa tête. Si nous écrivions l’épopée de ses amours et de ses duels, tous les héros du boudoir et de la salle d’armes trouveraient leur maître.