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Me souciant fort peu, à une pareille heure, de m’en aller avec elle de ce monde, et remettant au lendemain, quand il ferait jour, pour lui donner le coup de grâce, si toutefois elle vivait encore, je rentrai avec mes hommes, qui avaient tout entendu et qui, comme moi, étant persuadés que la lionne était à nous.

Grande fut la joie de tous à notre rentrée au douar, et les femmes demandèrent à venir le lendemain dans la montagne, afin de voir l’animal avant qu’il fût dépouillé et de choisir les meilleurs morceaux de sa chair.

Le 31, avant le lever du soleil, j’arrivai près de l’endroit où la lionne était tombée la veille, suivi des hommes et des femmes du douar. Après avoir recommandé à tout le monde de ne pas s’avancer davantage, je me portai avec mon spahi sur la place où l’animal avait été frappé.

La place était vide ; mais une mare de sang l’avait suffisamment marquée, il me fut d’autant plus facile de suivre la lionne aux rougeurs, qu’elle avait évité de traverser les parties fourrées du bois, qu’elle était toujours descendue, et qu’à chaque pas je trouvais des traces de ses chutes.

Je ne tardai pas à m’apercevoir qu’elle ne marchait que sur trois jambes, que lorsqu’elle