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de la clairière pour appeler du monde afin de l’emporter.

Pendant ce temps, je suivais les rougeurs dans le lit du ravin, où le lion était tombé plusieurs fois, et je trouvais sa rentrée, dans un taillis sombre, épais presque impénétrable, situé à vingt pas de la clairière.

Afin de savoir sur-le-champ à quoi m’en tenir, je lançai une pierre dans ce taillis : un rugissement sourd, guttural, tantôt plaintif, tantôt menaçant, un rugissement qui sentait le cadavre, me répondit à une vingtaine de pas sous bois.

Ce rugissement me glaça le cœur en me rappelant celui du lion de Mejez-Àmar, qui, il y a six ans, dans une circonstance analogue, mutilait sous mes yeux, et malgré mes balles, mon spahi Rostain et deux Arabes.

À genoux sur le bord du taillis, je cherchai en vain à en pénétrer l’épaisseur : ma vue n’allait pas au-delà des premières branches, rougies par le sang du lion.

Après avoir fait une brisée pour reconnaître la rentrée de l’animal, j’allais me retirer lorsque je fus rejoint par mon spahi, mes deux, quêteurs et quatre Arabes en armes.

J’eus toutes les peines du monde à les empêcher de pénétrer dans le taillis, où, disaient-ils, le lion devait être mort.