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dix mètres carrés, entourée de grands arbres, et distante de moins de cent cinquante pas du fort où le lion était sur le ventre.

Pendant qu’un de mes hommes attachait la chèvre à une racine d’arbre au milieu de la clairière, et que les autres me donnaient mes armes, le lion se montrait à nous au pied du rocher et nous regardait faire.

Je m’établis bien vite sur la lisière du bois, faisant face au lion, et à cinq ou six pas de la chèvre, qui, voyant mes hommes s’enfoncer sous bois, criait de toutes ses forces et faisait des efforts inouïs pour se rapprocher de moi.

Le lion avait disparu. Sans doute il s’avançait sous la voûte sombre et épaisse de la futaie qui le dérobait à ma vue.

Je venais de couper avec mon poignard quelques branches qui auraient pu gêner mon tir, et j’allais m’asseoir, lorsque la chèvre se tut tout à coup et se mit à trembler de tous ses membres, en regardant tantôt de mon côté, tantôt du côté du ravin, ce qui voulait dire :

— Le lion est là, je le sens, il va venir ; je l’entends, il vient, je le vois.

En effet, d’abord elle n’avait fait que percevoir ses émanations ; ensuite, lorsqu’elle avait entendu ses pas, ses oreilles me l’avaient ex-